Une écrite fine sur une peau finement tannée

(Je copie colle le journal de Leo que j'avais commencé quand j'ai rejoint les gda ^^)

Tourment des dragons...

Voilà comme ils me nomment, est-ce mérité ? Je ne le sais, il faut croire que oui, si je me penche sur les 12 dernières lunaisons, je crois avoir passé davantage de temps à massacrer ces êtres qu'à parler à mes semblables !
Curieuse vie que je me suis choisie... Solitaire, dangereuse, bien loin des fracas de la guerre opposant l'alliance et la horde...
Que m'importent leurs querelles après tout ? Mes préoccupations sont d'un tout autre ordre, nettement plus égoïstes certes, mais mon but est selon moi, tout aussi noble qu'éradiquer l'engeance maudite de la horde.

Ces misérables grands vers doivent payer, devraient payer, payer pour l'ensemble de leurs forfaits, payer pour ta mort... Et pourtant...
Je m'étais promis de les massacrer tous jusqu'au dernier, promesse faite sur les restes de ton corps découvert calciné dans l'antre de l'un d'eux et non des moindres.... Vael.

Mais depuis, le temps a émoussé ma détermination, sapé mes forces, brisé ma volonté, au fil des jours, ma solitude face à ces êtres monstrueux est devenue de plus en plus pesante, ma rage s'est amenuisée...

Une aube nouvelle s'est levée, le temps de la chasseresse solitaire est révolu, à présent, c'est aux côtés de guerriers farouches que j'arpente les Royaumes à la recherche du responsable de ton trépas.

Mes nouveaux compagnons sont parvenus à me détourner de ma quête pour un temps...

La chaleur du désert de Silithus n'est pas si désagréable au fond et surtout pas si différente de celle des steppes ardentes. Seuls les grands vers manquent et après tout, combattre d'autres adversaires n'est pas si mal.

Une nouvelle menace plane sur Azeroth, les Silithid, peuplade étrange et disparate, essentiellement des insectes, ce sont des combattants assez redoutables, mais j'aime le challenge qu'ils représentent.

Qu'il est bon de combattre pour une autre cause, de laisser l'aveuglement provoqué par la douleur de côté, pour un temps tout au moins...

Bien des choses parviennent à me changer les idées ces temps-ci, la guilde tout d'abord, s'impliquer dans la vie de cette communauté est vivifiant, je me rends compte à présent de l'état de solitude et d'aliénation dans lequel je m'étais plongée jusqu'alors.

La soif de vengeance avait occulté complètement le besoin que j'avais de me sentir entourée, épaulée, j'avais même oublié le plaisir de parler à un ami.

Menestra, prêtresse écervelée est parvenue à m'arracher quelques sourires, il faut dire que ses frasques ont de quoi amuser !

Pas plus tard qu'hier, je l'ai surprise le nez dans ce carnet, sitôt découverte, sitôt enfuie et ce n'est que 5 minutes plus tard que je l'ai de nouveau retrouvée, fort occupée à fomenter un mauvais coup !!!

Elle est indécrottable, elle va finir par s'attirer des ennuis sérieux !

Vael est tombé... Vael n'est plus de ce monde...
Nous l'avons tué... Je l'ai tué... Pour toi...
Curieusement, cela ne m'apporte aucun réconfort, La vengeance parait bien futile lorsqu'elle a enfin abouti.

Qu'est-ce que cette traque sans fin m'a apporté ? Rien, juste un vide au fond de moi, je me sens vide de sens, vide de sentiment.
Celui qui t'avait enlevé la vie ne foulera plus ces terres et pourtant, je n'en éprouve aucune joie, aucun soulagement.

Il n'était pas lui-même, le savais-tu ? Quelqu'un possèdait cette formidable masse de chair et d'écailles, ainsi, celui que j'ai pourchassé sans relâche n'était que le jouet d'un être malfaisant.

Je pourrais poursuivre ma quête en traquant cet être perfide, mais je sens que toute haine a quitté mon coeur depuis longtemps, la vengeance ne me motive plus...
Peut-être est-ce cela "faire son deuil", quoiqu'il en soit, je vais à présent revivre et tâcher de ne plus m'alièner comme je l'ai fait.

Repose en paix, tu restes dans mon coeur.

Qu'il est prenant de devoir éradiquer le malin !
Plus un instant pour coucher sur cette peau mon ressenti et mes pensées sur ma vie.

Une fois dans l'antre de Nefarian, ce dragon gigantesque qui prend un malin plaisir à toujours rejaillir de ses cendres ( à croire qu'il a été croisé avec un Phénix celui-ci !), un autre jour à pourfendre des morts vivants quand ce n'est pas un soir à tailler en pièces une multitude d'insectes à la taille bien peu naturelle !

Quelle place laisser, dans cette vie trépidante, au tissage de liens avec ceux qui partagent cette perpétuelle aventure ?

Bien peu hélas et la nostalgie des jours heureux où nous nous réunissions entre membres d'une même guilde commence à étreindre mon coeur...
Je ne connais pas la moitié des noms des personnes qui viennent se battre à mes côtés, pourtant nous bravons la mort à chaque instant, nous nous soutenons moralement et physiquement quand le besoin se fait sentir.

Mais où sont donc les relations humaines dans tout ceci ? Des dissenssions éclatent, certains nous abandonnent, qui peut savoir ce qu'ils deviennent par la suite ?

Certes, mon armure n'a jamais été aussi belle et rutilante, beaucoup de récompenses viennent quelque peu alléger les coeurs meurtris mais j'ai le sentiment d'avoir perdu mon âme dans cette aventure.

Les yeux fermés, je revois Darnassus, mes premiers pas de chasseresse, mon premier compagnon félin, Givrus est toujours à mes côtés, plus fort, plus grand, un peu comme moi.

La frêle elfe aux cheveux bleus est devenu adulte, et avec l'innocence qui s'en est allée, un peu de son coeur d'enfant.